Cet article traite des différents types de cardiomyopathies décelées chez le chat suite à une observation réalisée dans les hôpitaux vétérinaires Banfield Pet Hospital regroupant plus de 800 cliniques réparties à travers les USA, le Mexique et le Royaume-Uni.

Introduction

Les cardiomyopathies sont des maladies d’importance clinique, et il a été démontré qu’elles peuvent être présentes à un stade subclinique chez des chats apparemment sains (1, 2). La reconnaissance du rôle de la taurine alimentaire dans la prévention de la cardiomyopathie dilatée (CMD) chez le chat (3) a entraîné une raréfaction des cardiomyopathies induites par une carence en taurine (CMT).
Toutefois, d’autres formes de cardiomyopathie – hypertrophique (CMH), restrictive (CMR) et CMD non induite par une carence en taurine – continuent de poser problème. Le présent article décrit les tendances observées dans les hôpitaux vétérinaires de Banfield en 2010 concernant le diagnostic des cardiomyopathies félines.

Méthode d’analyse

Les dossiers médicaux des chats enregistrés entre 2005 et 2010 ont été utilisés pour identifier les diagnostics de cardiomyopathie. Pour 2010, les données ont été résumées par type de cardiomyopathie (CMH, CMD, CMR et CMT), sexe, race et âge : chaton (moins de 6 mois), adolescent (6-12 mois), jeune adulte (1-3 ans), adulte mature (3-10 ans) et adulte âgé (10-25 ans). Les prévalences de période et les intervalles de confiance à 95 % (IC 95) pour les races représentées par au moins 100 individus sont décrits ici.

Résultats

Les dossiers de 425 898 chats ont pu être inclus dans cette analyse. En 2010, 579 chats ont été diagnostiqués atteints de CMH, 60 de CMD, 17 de CMR et 3 de CMT. L’âge médian au moment du diagnostic était de 9,2 ans pour la CMH et la CMD. Les mâles avaient 1,6 fois plus de risque d’être atteints de cardiomyopathie que les femelles. Ils avaient aussi 1,6 fois plus de risques de souffrir d’une CMH et 1,9 fois plus de risques de souffrir d’une CMD.

En 2010, la CMH était plus fréquente chez les chats âgés (48 %), puis chez les adultes matures (39 %), alors que la CMD touchait davantage les adultes matures (52 %) puis les chats âgés (40 %). La CMR concernait 17 chats, dont 6 âgés, 10 matures et 1 jeune adulte. La CMT concernait 3 chats, dont 1 âgé, 1 adulte mature, et 1 adolescent.

Les races touchées par la CMH et la CMD sont résumées dans les Tableaux 1 et 2. En ne considérant que les races représentées par au moins 10 chats atteints de CMH, cette maladie touchait davantage les Persans, puis les Maine Coon et les Européens à poils longs. Les chats atteints de CMD étaient trop peu nombreux pour établir des comparaisons fiables.

Discussion

L’analyse des données a fait ressortir quatre points clés :

  • La CMH et la CMD sont assez peu fréquentes chez le chat, et la CMR et la CMT sont rares. 
  • Les mâles sont plus à risque que les femelles.
  • La CMH était plus fréquente chez les chats âgés, et la CMD et la CMR était plus fréquente chez les adultes matures. 
  • Considérant les races représentées par au moins 10 chats malades, la CMH touchait davantage les Persans, puis les Maine Coon et les Européens à poils longs.

À Banfield, l’évaluation des souffles cardiaques, arythmies et anomalies pulsatiles fait partie de l’examen clinique complet, mais la radiographie ou l’échocardiographie ne sont réalisées qu’en cas de suspicion d’une cardiopathie.

Les données présentées ici risquent donc d’entraîner une sous-estimation de la prévalence réelle des cardiomyopathies cliniques et sans nul doute une sous-estimation de la prévalence réelle des maladies subcliniques.

En effet, une étude réalisée sur 103 chats apparemment sains a permis d’identifier, chez 16 % des animaux, une cardiomyopathie à l’échocardiographie (1) ; en outre, des souffles cardiaques ont été détectés chez 16 chats, dont 5 seulement montraient des signes échocardiographiques de cardiomyopathie.

Dans une autre étude, réalisée sur 103 chats également, 22 chats présentaient un souffle, dont 4 seulement étaient atteints de CMH (2). Les mâles étaient plus nombreux que les femelles dans les deux études, et les races représentées étaient similaires à celles listées dans notre analyse.

Notons toutefois que les Ragdoll, peu représentés dans notre analyse en termes de CHM, étaient, dans une autre étude rétrospective menée sur 127 chats atteints de CMH, sur-représentés par rapport à la distribution de la race dans la population du centre hospitalier vétérinaire (4).

Bien que la prévalence des diagnostics de cardiomyopathie n’ait jamais dépassé 1 % dans aucun des groupes d’âge ou de race de notre population, nos résultats associés à ceux des autres études suggèrent qu’il faudrait augmenter le dépistage en clientèle, notamment chez les chats matures ou âgés présentant des souffles cardiaques.

Références bibliographiques

  1. Paige CF, Abbott JA, Elvinger F, et al. Prevalence of cardiomyopathy in apparently healthy cats. J Am Vet Med Assoc 2009; 234: 1398-1403.
  2. Cote E, Manning AM, Emerson D, et al. Assessment of the prevalence of heart murmurs in overtly healthy cats. J Am Vet Med Assoc 2004; 225: 384- 388.
  3. Novotny MJ, Hogan PM, Flannigan G. Echocardiographic evidence for myocardial failure induced by taurine deficiency in domestic cats. Can J Vet Res 1994; 58: 6-12.
  4. Payne J, Luis Fuentes V, Boswood A, et al. Population characteristics and survival in 127 referred cats with hypertrophic cardiomyopathy (1997 to 2005). J Small Anim Pract 2010; 51: 540-547.

Published in IVIS with the permission of the editor Vol 22 No 1 / 2012 / Veterinary Focus / 25

Article offert par Royal Canin

Auteur

docteur sandy lefebvreDr. Sandi Lefebvre
Dr. Vétérinaire, PhD 
Banfield Pet Hospital, Portland, 
Oregon, USA

Le Dr Lefebvre intègre Banfield en 2011 en tant que Conseillère Médicale Adjointe – Chercheur au sein de l’équipe Connaissance et Recherche Appliquée (BARK). 
Diplômée en 2003 du Collège Vétérinaire de l’Ontario, elle obtient un PhD en épidémiologie grâce à ses recherches et au développement de recommandations en matière de zoothérapie en établissement hospitalier. Son activité professionnelle la plus récente est celle de rédactrice scientifique pour le JAVMA et l’AJVR.

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