La bandelette urinaire (BU) est un outil banalisé qui répond à une technologie de conception très élaborée, les plages réactives ont fait l’objet de dépôts de brevets par Bayer. Ces bandelettes sont d’une aide précieuse dans la pratique vétérinaire quotidienne, de façon rapide et économique.

Principe de fonctionnement de la bandelette urinaire

La présence d’un paramètre au sein de l’urine se révèle par modification de la couleur de la plage réactive correspondant à ce paramètre.
Pour cela, nous disposons de 3 types de réactions utilisant soit :

  • Une propriété enzymatique
  • Un indicateur coloré
  • Un système d’échange d’ions

Intérêt de la bandelette urinaire en médecine vétérinaire

L’analyse des urines par les bandelettes urinaires est caractérisée par sa simplicité et son faible prix de revient (environ 50 centimes d’euro).
Il s’agit d’une étape fondamentale dans l’évaluation du patient lors d’une consultation ou d’une vaccination.
En tant qu’examen complémentaire, elle est très performante pour le dépistage, l’aide au diagnostic et la surveillance de nombreuses maladies urinaires ou non urinaires, dès qu’elle est réalisée systématiquement.

La liste des affections qu’elle permet de suspecter puis de diagnostiquer est longue tels que :

  • Syndrome de Cushing
  • Diabètes
  • Insuffisance : hépatique, rénale parenchymateuse, rénale fonctionnelle
  • Amyloïdose rénale
  • Infections du tractus urinaire
  • Leptospirose
  • etc..

La bandelette urinaire au service du diagnostic des affections vétérinaires

L’amylose rénale glomérulaire est, chez le chien, la première des lésions rénales chroniques.
Elle a été estimée dans certaines publications à 25% des lésions observées.
C’est une maladie à prédominance raciale (Épagneul breton, Bruno du Jura, Beagle, Fauve de Bretagne, chiens courants, Setter anglais).
Chez le Sharpei, la localisation peut être glomérulaire mais aussi médullaire, entraînant d’autres modifications biologiques des urines (protéinurie faible et densité urinaire <1,025 au stade de l’insuffisance rénale).

tableau affections appareil urinaire -  bandelette urinaire

Affections d’origine non urinaire

La leishmaniose

La leishmaniose est une maladie dont la zone d’enzootie est en constante expansion géographique dans le monde.
En France elle se manifeste aujourd’hui dans de nombreuses régions (Sud Est et Sud Ouest).
La lésion rénale est le plus souvent une glomérulonéphrite membrano-proliférative qui affecte environ 85 % des chiens lors de leishmaniose viscérale.
La lésion rénale est responsable d’une protéinurie isolée, puis d’une insuffisance rénale après quelques mois d’évolution pour un animal non traité.
Existent plus rarement un syndrome néphrotique et des accidents d’hypercoagulation.
La mise en évidence d’une protéinurie est un excellent argument de suspicion de la maladie.

La leptospirose

La leptospirose est observée de plus en plus sous la forme d’une atteinte rénale pure, c’est-à-dire sans ictère et sans gastro-entérite hémorragique.
La lésion est une nécrose tubulaire ou une tubulite responsable d’insuffisance rénale aiguë.
Les vaccins commercialisés dans notre pays, s’ils protègent très bien contre les sérovars ictéro-hemorragiae et canicola n’assurent aucune protection contre les autres.

Babésiose

Lors de babésiose plusieurs lésions rénales sont possibles.

  • La glomérulonéphrite (40% des cas), caractérisée par une protéinurie marquée, fugace (moins de 5 jours) disparaissant après injection du piroplasmicide.
  • La néphrose (1% des cas) et la nécrose tubulaires (2% des cas) qui surviennent sur les animaux à urine foncée (rouge, noire ou brune). La nécrose est souvent responsable, en l’absence de perfusion, d’insuffisance rénale aiguë anurique.
  • La néphrite interstitielle immuno-allergique due à l’imidocarbe. Le diagnostic de l’origine immuno-allergique de la lésion rénale repose sur l’apparition brutale d’une forte protéinurie associée à une fièvre prolongée et à des signes associés (dermatite suraiguë, troubles digestifs, articulaires, etc).

tableau-bandelette urinaire

Le syndrome de Cushing

Le syndrome de Cushing est une maladie sous-diagnostiquée.
Le plus souvent, seul un tableau clinique tardif conduit à son diagnostic : obésité, amyotrophie, alopécie, calcinose cutanée, polyphagie, polyuro-polydipsie.
L’analyse des urines permet de faire un diagnostic plus précoce : les protéinuries sont extrêmement fréquentes, dues à des lésions de glomérulo-néphrite et à l’hypertension artérielle.
75 % des chiens atteints d’une maladie de Cushing ont un rapport protéine urinaire / créatinine urinaire supérieur à 1 avec une moyenne de 2,3.
L’immunosuppression induit des infections du tractus urinaire chez 40 à 50 % des malades, ainsi que des glycosuries dues à l’hyperglycémie (5 à 10 % des malades).

tableau-bandelette urinaire

Interprétation de la bandelette urinaire

Protéinurie 1+ À 2+

Leptospirose, infection du tractus urinaire, pyélonéphrites aiguë et chronique, néphrite interstitielle chronique, tubulonéphrose (calcique ou oxalique) et intoxication par les métaux lourds.

Protéinurie 3+ À 4+

Babésiose, leishmaniose, septicémie, glomérulopathies, syndrome de Cushing, néphrite interstitielle aiguë, endocardite, thrombo-embolie aortique, intoxication par le lys chez le chat et intoxication par les AINS.

Bilirubine

  • Ictère pré-hépatique : babésiose, leptospirose, hémolyse par anémies immunes, anomalie de l’hémoglobine, rupture du foie et de la rate (accident ou hémangiosarcomes).
  • Ictère hépatique : leptospirose, hépatite infectieuse du chien, cirrhose, hépatite chronique active, tumeur du foie primitive ou métastatique, hépatite toxique aiguë ou chronique.
  • Ictère post hépatique : occlusion ou rupture des voies biliaires, cholangite ou cholangiohépatite, tumeur pancréatique, cholélithiase.

Sang

  • Hématurie
    • Lésions de l’appareil urinaire : infection, tumeur, traumatisme secondaire à une biopsie rénale, plaie, thrombo-embolie aortique, fistule artério-veineuse.
    • Maladies immunitaires : lupus, vascularite immune.
    • Troubles de la coagulation : plasmatique, thrombopénie, thrombasthénie.
  • Hémoglobinurie libre : babésiose, hémobartonellose, hémolyse par anémies immunes, hémolyse post-transfusionnelle, rupture du foie et de la rate (accident ou hémangiosarcome), toxique (oignon, bleu de méthylène, chlorates, morsure de serpents, milbémycine, nitrates, paracétamol, etc), par hyperphosphatémie (diabète sucré) ou par rupture des hématies dans l’appareil urinaire.
  • Myoglobine : syndrome d’écrasement, brûlure grave, coup de chaleur, rhabdomyolyse d’effort.

Glucose

  • Pancréatite, diabète.
  • Troubles fonctionnels rénaux tubulaires (tubulite, nécrose tubulaire, néphrose tubulaire).

Corps cétoniques

  • Insuffisance hépato-cellulaire.
  • Déséquilibres alimentaires : régimes trop riches en lipides et en protéines ou régimes pauvres en glucose (effort sportif violent, en particulier chez la chienne en fin de gestation, fièvre, exposition au froid, glycosurie rénale, anorexie, état de dénutrition, amaigrissement).
  • Troubles endocriniens : diabète insulino-dépendant et non insulino-dépendant, thyrotoxicose, maladies endocriniennes (surrénale, insulinome, glucagonome), hypoglycémie des chiots de races naines.
  • Divers : médicaments (acide butyrique, captopril, cystéine, paracétamol, d-pénicillamine, etc) et idiopathique pour certaines races (Yorkshire terrier).

PH bas

  • Insuffisance rénale, acidose tubulaire rénale, alimentation carnée, acido-cétose, acidose lactique, certaines infections urinaires (E. coli et entérocoques), alcalinisation de l’urine par des bactéries lors de présence de glucose.

PH élevé

  • Alimentation à base de céréales, certaines infections urinaires (Proteus et staphylocoques), états d’alcalose métabolique, contamination de l’urine par des bactéries productrices d’uréase.

Densité élevée

  • Babésiose, diabète sucré, insuffisance rénale fonctionnelle, métastases hépatiques.

Densité basse

  • Leptospirose, leishmaniose, cirrhose, hépatite induite par toxicité au cuivre, insuffisance rénale, phase de guérison d’une insuffisance rénale aiguë, amylose rénale glomérulaire, hypercalcémie, hypoparathyroïdie, syndrome de Cushing, maladie d’Addison, diabète insipide, tumeur primitive du foie, médicaments (AINS, corticoïdes, diurétiques, perfusions), potomanie.

Leucocytes

  • Inflammations infectieuses (bactéries, virus, parasites) et non infectieuses (lithiases urinaires, tumeurs du tractus urinaire).

Composition de l’urine normale

Albumine (Protéines)

  • absence ; trace à 1 + dans les échantillons fortement concentrés.

Bilirubine

  • Chien : absence à 1+ sur les urines concentrées.
  • Chat : absence.

Sang

  • absence ; des résultats positifs sont régulièrement rencontrés pour toutes les méthodes de prélèvement à l’exception de la cystocentèse.

Glucose

  • absence.

Corps cétoniques

  • absence.

Nitrites

  • zone réactive à sensibilité faible (20%) mais à forte spécificité (> 90%).

PH

  • 5.5 à 8.5.

Densité

  • zone réactive non fiable chez le chien et le chat.

Urobilinogène

  • absence.

Leucocytes (Leucocyte estérase)

  • Chien : à la bandelette urinaire, résultats positifs avec toutes les méthodes de prélèvement à l’exception de la cystocentèse.
  • Chat : zone réactive non fiable.

Auteur

Dr. Jean-Pierre Pagès,
Dr. Méd. Vét., ECVIM
Praticien à St Orens de Gameville (Haute-Garonne, 31)

logo vetopedia-conseils-veterinaires

Site de conseils vétérinaires

Merci de nous suivre et de partager