Nous nous intéressons ici à une des modalités de traitement d’une cause potentielle de ces troubles, l’hyper attachement. L’usage de psychotropes et le choix de la molécule se raisonnent en fonction de différents critères.

Plusieurs produits, médicamenteux ou non, permettent de diminuer l’hyper attachement. Leur efficacité dépend de l’intensité de l’anxiété qui y est associée et de l’origine exacte de cette anxiété (diagnostic). Cet article propose de guider le praticien dans son choix thérapeutique lors d’hyper attachement en l’absence d’un diagnostic précis.

Critères de choix du traitement

Pour les praticiens sensibilisés au comportement, grâce aux éléments de l’entretien et à l’observation directe du chien en consultation, le choix s’orientera plus facilement en fonction des hypothèses diagnostiques qu’il établira. Ces éléments diagnostiques s’articulent autour de trois axes :

  1. l’âge du chien : est-il très jeune, adulte, ou âgé ;
  2. l’évolution du trouble : le chien souffre-t-il d’un hyper attachement depuis toujours ? Son apparition est-elle brutale suite à un changement de contexte ? Au contraire est-ce sans raison objectivable ?
  3. le chien présente-t-il des troubles comportementaux autres que les nuisances quand il est laissé seul (hyperactivité, état dépressif, peurs… ?) et/ou des troubles physiques (lire encadré). D’une manière générale toutefois, c’est la demande des propriétaires et surtout son degré d’urgence qui va conditionner le choix, certains produits agissant plus lentement que d’autres. Si la demande n’est pas suffisamment prise en compte, les risques d’abandon ou de demande d’euthanasie augmentent.

On peut distinguer trois types de produits, tous ayant en commun leurs effets apaisants ou anxiolytiques. On recherche des effets dans les quinze premiers jours d’administration, au maximum un mois plus tard. Évidemment les consignes comportementales pour aider le chien à se détacher doivent être appliquées en même temps (lire DV 1077 page 12).

Ces types de produits sont :

  • les produits non médicamenteux : phéromones apaisantes, compléments alimentaires, aliments apaisants ;
  • les médicaments à action rapide utilisables ponctuellement ;
  • les médicaments à action anxiolytique qui seront administrés plusieurs mois dans le but de soigner l’animal de son trouble à l’origine de l’hyper attachement.

 

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®Valérie Dramard

 

Il est important de savoir si le chien présente des troubles comportementaux autres que les nuisances quand il est seul.

Phéromones, compléments alimentaires et croquettes Calm ND en 1ère intention

Particulièrement indiqués en première intention (pas d’ordonnance, pas de contre-indication, pas d’effets secondaires) pour la prise en charge :

  • d’un chiot pas encore habitué à rester seul ;
  • d’un chien adulte souffrant d’hyper attachement suite à un changement de contexte de vie (déménagement, changements d’horaires) ;
  • pour aider un chien n’étant pas habitué à rester seul à s’adapter à cette nouvelle situation ;
  • et si le degré d’urgence de la demande des propriétaires le permet.

Concernant le DAP ND en collier ou en diffuseur, les effets sont à attendre au maximum dans le mois. Il est possible de l’associer à tous les autres produits qui suivent. De la même façon, les effets du Zylkène ND ou de l’Anxitane ND*, en prise régulière matin et soir, doivent induire un apaisement du chien donc une diminution des nuisances liées à l’hyper attachement dans le mois au maximum, sinon il faut passer au « plan B ».

*L’Anxitane ND peut s’utiliser en simple ou double dose comme « anxiolytique » ponctuel 1 heure avant le départ.

>Psychotropes à action ponctuelle

Utilisés seuls ou en association avec un anxiolytique administré tous les jours, ils permettent de « donner un coup de pouce » pour aider le chien à franchir le cap de la séparation pour éviter le cercle vicieux lié à l’anticipation (« j’angoisse parce qu’ils vont partir et que je vais angoisser comme d’habitude »). Moins anxieux, le chien supporte mieux la séparation, donc le lendemain, l’anticipation risque d’être moins forte, donc l’angoisse encore moindre (cercle vertueux).

Le Catapressan ND (pour 10 kg, 1/2 cp voire 1 cp 30 à 45 minutes avant de partir) ou le propranolol (5 à 10 mg/kg 1 heure avant le départ) sont des anti-hypertenseurs qui doivent induire une anxiolyse en régulant la transmission de la noradrénaline. La Relazine C ND peut aussi s’utiliser dans cette indication. Enfin, les neuroleptiques comme l’acépromazine (Calmivet ND, Vétranquil ND, Dipipéron ND) peuvent aussi fonctionner, seuls ou en association avec un anxiolytique IRS (clomipramine) ou ISRS (fluoxétine, fluvoxamine) mais de façon ponctuelle. En effet, ils risquent d’aggraver un éventuel trouble dépressif.

Psychotropes à action de fond (long terme, environ 6 mois)

Quatre molécules peuvent s’utiliser, les effets devant être visibles au maximum après un mois.

La sélégiline (Selgian ND) si l’hyper attachement est lié à un syndrome de privation sensorielle avec inhibition (chien peureux, inhibé). Attention, étant donné son mode d’action (IMAOB), elle ne peut pas être associée avec un autre médicament psychotrope.

La clomipramine (Clomicalm ND 2 à 4 mg/kg/j deux prises) peut avoir un petit effet sédatif. Ses effets sont nets le plus souvent après 2 semaines de traitement.

La fluoxétine (Prozac ND : 2 à 4 mg/kg/j une prise) et la fluvoxamine (Floxyfral ND : 5 à 10 mg/kg/j en deux prises) ont des actions proches (anti-impulsives). On les préconise particulièrement lorsque les nuisances montrent un déficit des autocontrôles (destructions spectaculaires, vocalises durant des heures, automutilations) et lorsque le chien souffre d’Hs-Ha. L’action est généralement rapide (moins d’une semaine) notamment en raison de l’action « calmante ».

Conclusion

Les propriétaires doivent avoir l’impression d’être réellement entendus, notamment par une prescription adaptée au degré d’urgence de leur demande. Pratiquement, l’annonce d’un plan A, d’un plan B puis d’un plan C avec des échéances claires en termes de temps constitue une technique très utile.

Bibliographie

  • Vadémécum de pathologie du comportement du chien, 2007 éditions Med’com.
  • L’attachement. Compte rendu congrès Zoopsy, septembre 2009, Lyon, éditions Solal.
  • Trouble du comportement du chien : et si c’était la thyroïde?, éditions du Point Vétérinaire, 2010.

En Bref

Castration des chiens et des chiennes : les recommandations des praticiens britanniques

Une étude* a été menée en Grande-Bretagne en 2008 pour connaître les recommandations que les vétérinaires donnaient à leurs clients concernant la castration des chiens et des chiennes. Elle montre que les praticiens ont une politique sur l’âge de castration des chiennes beaucoup plus importante que pour les mâles. Ils recommandent de pratiquer l’intervention en moyenne à l’âge de 6,5 mois pour les chiennes et de 7,5 mois pour les chiens. 16,9 % des vétérinaires répondants recommandent toujours de stériliser les chiennes avant leurs premières chaleurs, 20,3 % le recommandent la plupart du temps, 20,9 % parfois, 20,9 % rarement et 20,6 % jamais. Une enquête effectuée chez les propriétaires montre que 54 % des chiens sont castrés.

* Veterinary Record, 10 avril 2010, vol. 166 n° 15.

Gros plan 

Examens complémentaires lors d’hyper attachement

Un trouble organique peut être à l’origine de l’apparition brutale d’une anxiété avec hyper attachement, notamment :

  • une dysendocrinie, notamment l’hypothyroïdie ou le syndrome de Cushing -> PS :  T4, TSH, cholestérol ou diagnostic thérapeutique à la lévothyroxine 25 mcg/kg/j SID ; test ACTH ;
  • une affection du système nerveux central -> scanner/IRM ;
  • toute affection générant une douleur chronique -> techniques d’imagerie adaptée.

Un examen clinique minutieux est toujours indispensable pour établir un diagnostic différentiel complet en médecine du comportement.

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La fluoxétine et la fluvoxamine sont particulièrement lorsque les nuisances montrent un déficit des autocontrôles avec par exemple des destructions spectaculaires comme ici ce mur rongé.

Auteur

Dr. Valérie Dramard,
Docteur Vétérinaire comportementaliste
 

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